Les centres d’éducation peuvent-ils m’accompagner pour faire de mon chien personnel un chien d’assistance ?

Photo d'une jeune fille avec une doudoune sans manche orange donnant une récompense à un cocker noir assis.

Régulièrement, des particuliers qui souhaitent éduquer leur propre chien en tant que chien d’assistance s’adressent à Canidea. Ils et elles souhaitent être accompagnés par des professionnels. Ces particuliers ont des situations extrêmement diverses, que ce soient en termes de pathologies ou en termes de situations personnelles.

 

 

rappel de ce que peut faire le chien, et de ce qu'il ne peut pas faire

Canidea est une confédération : elle n’éduque pas les chiens. Ce sont ses membres qui, pour la majorité d’entre eux, éduquent et remettent des chiens guides, d’assistance ou de médiation. A ce jour dans le réseau, les handicaps et maladies concernés sont exclusivement les suivants :

·       Déficience visuelle (les membres de la FFAC)

·       Déficience motrice (Handi’chiens)

·       Déficience auditive (ACS)

·       Autisme et certains troubles du développement de l’enfance (Handi’chiens, CMUE, LCEA)

·       Diabète (ACADIA)

·       Epilepsie (Handi’chiens)

 

Le syndrome de stress post-traumatique est une spécialité en cours d’expérimentation en France, contrairement à d’autres pays où elle est établie : le réseau de Canidea n’est pas encore en capacité de remettre des chiens pour cette pathologie. De même, les membres ne remettent pas des chiens d’alerte pour les allergies.

 

Les situations de polyhandicap rendent complexes l’assistance par le chien : il n’est malheureusement souvent pas possible d’avoir recours à ce type d’aide.

 

Ont été listées ici les seules spécialités reconnues à l’échelle internationale. Pour le chien dit de "soutient émotionnel", nous vous invitons à lire l'article sur le blog de Canidea.

Sur la notion de propriété de l’animal

Chaque membre de Canidea s’est spécialisé dans un ou plusieurs domaines. Eduquer un chien pour une personne en situation de handicap exige de maîtriser toutes les conséquences du handicap de la personne. C’est pourquoi une formation spécifique de l’éducateur canin est indispensable et que les associations préfèrent bien faire leur travail dans un domaine précis plutôt que de multiplier les spécialisations

 

De plus, les membres de Canidea adhèrent à la charte éthique et déontologique de la confédérationCelle-ci précise qu’elles doivent rester propriétaire de l’animal. Ceci pour deux raisons :

1-     Le suivi permet de vérifier le travail du chien et la capacité de ce dernier à l’accomplir . Il est essentiel que le chien soit mis à la retraite si toutefois il n’est plus apte à travailler. En effet, son inaptitude peut mettre en danger le bénéficiaire. Or, il est parfois difficile pour le maître de réaliser que son chien ne peut plus travailler. Le rôle du centre d’éducation est essentiel dans cette prise de conscience et dans l’accompagnement qu’elle nécessite ;

2-     Le suivi permet également de prémunir l’animal de toute situation de de maltraitance. Les personnes handicapées sont des personnes comme les autres et à ce titre il est tout à fait possible que par méconnaissance ou incompréhension, le maître génère du mal-être chez l’animal. Auquel cas, le centre d’éducation fait ce qu’il faut pour rétablir une situation de bien-être. Si cela n’est pas possible, ce qui arrive rarement, le chien est retiré et placé auprès d’une autre personne ou mis à la retraite.

 

Dans les deux cas, les centres d’éducation ne peuvent intervenir que s’ils sont propriétaires de l’animal. C’est la raison pour laquelle le principe de propriété est inscrit dans la charte éthique et déontologique.

 

Sur l’accompagnement des particuliers

Photo d'une famille en train de laver son golden retriever dans leur jardin.  Avec l'aide de deux voisines, la mère, la jeune fille et le fils savonnent le pelage du chien, tandis que le père tient l'animal en laisse.

 

Selon le handicap de la personne, il n’est pas toujours possible pour elle d’accueillir un chiot. Or l’éducation d’un chien d’assistance exige que le chien ait reçu une pré-éducation parfaite, de sorte qu’il ait déjà assimilé tous les principes d’un comportement poli à la maison et en société. Les particuliers souhaitent souvent travailler avec un chien adulte qui a des lacunes certainement tolérables pour un chien de compagnie mais inadmissibles pour un chien guide ou d’assistance. C’est ici un premier argument en défaveur de l’accompagnement des particuliers.

 

De plus, historiquement, des centres d’éducation ont mené l’expérience d’accompagner des personnes dans l’éducation de leur propre chien. Outre les problématiques mentionnées ci-dessous, les centres ont alors constaté les faits suivants :

-       Le taux d’échec dans l’éducation est nettement plus important que lorsque le chien est éduqué en centre. Ce taux d’échec entraine un risque élevé d’abandon de l’animal, ce qui soulève des questions éthiques. En effet, la personne qui voulait un chien guide ou d’assistance se retrouve alors avec un animal domestique qui ne l’aide pas et représente une charge dans un quotidien qui doit déjà être emménagé en fonction handicap ;

-       S’il est correctement effectué, le temps de travail requis pour accompagner les particuliers est plus important que celui d’éduquer directement le chien avec les protocoles actuellement mis en place dans le réseau : les associations vivent de la générosité du public et elles se doivent de justifier auprès de lui le travail accompli. En offrant un tel service aux particuliers, elles s’écartent de leur mission première.

-       La gratuité des remises est un principe fondamental des associations : l’accompagnement des particuliers entrainerait un surcoût qu’il faudrait financer.

 

Pour ces différentes raisons, les membres de Canidea ne peuvent donc pas accompagner les particuliers :

-       Le fait que les centres restent propriétaires des chiens pour garantir la sécurité des maîtres et le bien-être des chiens ;

-       Le fait que le taux d’échec dans l’éducation des chiens de particuliers est trop élevé ;

-       Le temps de travail qu’exige l’accompagnement ;

-       Le fait que cette mission n’est pas inscrite dans les projets associatifs ;

-       Le fait que la gratuité est un des principes fondamentaux du réseau.

 

 

Dans la mesure où les centres ne peuvent pas accompagner les particuliers, ils ne peuvent pas non plus certifier leurs chiens. 

Quelques points d’alerte pour celles et ceux qui veulent tenter l’expérience d’éduquer eux-mêmes leur chien

Parce que Canidea est une association nationale et que le grand public se tourne vers elle pour répondre à certaines questions, elle a malheureusement reçu de nombreux témoignages qui attestent de pratiques malhonnêtes. Canidea, en tant que confédération, ne travaille qu’avec les membres de son réseau et ne transmettra donc pas les coordonnées d’associations non-membres ou de professionnels installés en libéral. Les recommandations qui suivent sont basées sur des retours d’expérience de personnes qui ont été abusées et qui se sont adressées à elle ces dernières années.

 

La première est celle d’élevages qui vendent des chiots comme chiens d’assistance. Un chiot peut être sélectionné pour des caractéristiques qui en feront un bon chien guide ou d’assistance. C’est la raison d’exister des élevages présents dans le réseau de Canidea. Les chiots qui en sont issus ne sont pas disponibles à la vente. Cependant, un chiot ne deviendra chien guide ou d’assistance qu’après une pré-éducation et éducation d’un total minimum de deux ans de travail quotidien pour qu’il intègre sa spécialité et après une sélection en plusieurs étapes. Il est possible que les centres d’éducation achètent des chiots dans des élevages : ces élevages ne feront jamais de publicité de cet ordre. Eventuellement, ils afficheront travailler avec une association mais parce qu’ils savent comment les chiens sont éduqués, ils ne diront pas que leurs chiots sont des chiens d’assistance.

 

Ensuite, pré-éduquer et éduquer un chien d’assistance exige des compétences. Les éducateurs canins de chiens guides et de chiens d’assistance sont titulaires d’une certification professionnelle validant plusieurs années de formation . Ces compétences sont nécessaires pour sélectionner le chien, l’éduquer et garantir ensuite que le chien est apte à travailler. Toute personne qui souhaite faire accomplir certaines tâches à son chien devrait faire appel à un professionnel dont les compétences sont reconnues et auquel elle expliquera ce qu’elle attend de son chien. Ici aussi, la vigilance est indispensable. Peu d’éducateurs canins titulaires des certifications chiens guides ou d’assistance exercent dans le libéral. Quel que soit le professionnel auquel la personne s’adresse, le professionnel doit formuler explicitement ce qui est réalisable et ce qui ne l’est pas au regard de la situation de handicap et en fonction des contraintes de l’environnement et du mode de vie de la personne.  Il est dans tous les cas, il est certain que l’éducation ne pourra pas se faire avec un package de quelques heures « clé en mains » et qu’il sera indispensable de mettre en place un suivi sur plusieurs années. Outre le fait que les compétences sont difficiles à trouver, cela représente un coût important dans la durée.

 

Enfin, il existe des structures qui accompagnent les personnes dans l’éducation de leur chien. Quelle que soit la forme de ces structures, association ou autre, la même vigilance doit être accordée à l’accompagnement qui est proposé. En effet, sous couvert de démarche caritative, certaines demandent des sommes conséquentes en indiquant qu’il s’agit d’une « adhésion ». Canidea a reçu de nombreux témoignages convergeant sur l’une de ces structures, attestant que l’accompagnement dans l’éducation faisait la promotion de pratiques relevant de la maltraitance animale tout en ayant des comportements dénigrant les personnes en situation de handicap. Si cela est parfaitement inadmissible, il est à ce jour, au regard de la loi, difficile de mettre un terme à ce type de pratiques. Avant de faire appel à ce type de structure, il est préférable de faire une enquête de réputation auprès d’autres usagers. Si certaines effectuent un travail louable différent de celui des membres de la confédération, à ce jour, aucune d’entre elles n’est membre de Canidea et n’est labellisée. C’est pourquoi Canidea ne formulera aucune recommandation.

 

Canidea recommande donc de considérer l’ensemble de ces paramètres avant de décider d’éduquer soi-même son chien et de se faire accompagner.